dimanche 30 mars 2014

Ma visite de l'expo Great Black Music - Voyage au bout de la Musique Noire

Comme annoncé, je suis allée hier samedi 29 découvrir le contenu de l'expo Great Black Music.
Et là dés les premiers pas, les premières minutes, je suis tombée amoureuse de l'expo, j'étais émerveillée, comme une nana au régime devant sa balance annonçant "- 2g"!
Ça faisait des lustres que je n'avais pas vu une expo qui m'emballe autant, une expo fine, intelligente, excellemment bien pensée, tout est  couvert, plusieurs angles pour traiter du sujet,  sans oublier l'innovation technique dont ont fait preuve les instigateurs, bref j'ai A-DO-RE alors je vous raconte!



Tout d'abord, le lieu est superbe, pour tout dire, autant je connais bien le parc de la Villette, la grande Halle, etc.. pour avoir habité le quartier quelques années,
Vue de derrière de la cité des sciences

La Géode, qui se perd presque dans le ciel clair

Ce que je préfère au Parc de la Villette, me perdre dans les nombreuses allées du Parc qui vous emmènent toujours à faire des rencontres étonnantes, des amoureux cachés, des joueurs de djembé que l'on entend au loin, des groupes d'amis en pique nique, des familles, bref.. tout style, tout genre.. diversité on vous dit!

 autant je n’étais jamais allée dans l'enceinte de la Cité de la Musique.

Vous entrez dans ce hall à taille humaine, ni petit ni trop imposant, enfin pas solennel, les grandes baies vitrées apportent de la lumière naturelle à l'espace.


J'arrive donc dans ce hall, je me dirige vers le guichetier pour m'acquitter de la taxe d'entrée pour la visite.
Le guichetier agréable m'informe qu'il y a beaucoup de monde, mais que je peux soit patienter dans la première salle soit démarrer la visite par d'autres salles, le temps que la première se décante.
Je ne me démonte pas, je prends mon billet et me lance.

Une hôtesse, fort sympathique, vous explique le déroulement de l'expo, et les options offertes à savoir un smartphone remis à l'entrée, qui sert à suivre les différents supports audio et visuels mis à disposition, elle vous explique que tout au long de la visite , vous aurez le loisir de pouvoir ajouté aux à vos favoris les titres entendus, titres qui seront par la suite envoyé à la fin de votre visite sur l’adresse mail que vous aurez préalablement renseignée sur le smartphone.

Une fois ces infos données,  elle me dirige vers le comptoir où me sera remis le casque et le smartphone.
Un autre jeune homme lors de la remise du casque m'explique alors comment fonctionne le smartphone, comment lancer l'écoute un document , qui sont tous numérotés, il suffit donc de taper sur le smartphone le numéro du document que l'on souhaite entendre.

Puis la visite démarre,
premiére salle, noire de monde effectivement, une salle plutot sombre, remplie des cylindres de 80 cm de hauteur environ, sur les dessus desquels des images defilent, chaque cylindre porte le nom d'un artiste, il y en une vingtaine, de Bob Marley, à Duke Ellington, Cesaria Evoria, Myriam Makeba, John Coltrane, Mile Davis, Salif Keita, sur le mur on peut retrouver le nom des artistes,
Cylindre de Miles Davis, au casque le narrateur vous parle de son parcours, sur l’écran s'affiche les images qui accompagnent le discours, c'est superbe!


On s'agglutine autour, on écoute le récit fait au casque, on dévore les images qui défilent, tout ça dans une ambiance peace, calme, chacun concentré sur ce qu'il entend, certains dont moi ne peuvent s’empêcher de bouger quand un titre nous plait
je clique encore et encore sur le petit cœur a coté des titres qui s'affichent sur le téléphone, afin d'agrandir ma playlist, je crois bien que à la fin de l'expo j'en aurai pour des jours de musique à ce rythme là.
Côté infos, c'est riche d'histoire et d'Histoire, le narrateur vous rappelle pour chachun des artistes comment ils ont influé sur le monde à leur époque, à la fois artistes mais aussi des personnalités engagées:

 soit dans la lutte contre le pouvoir établi, Myriam Makeba en Afrique du Sud, James Brown qui prône la fierté noire et le black power dans Say it loud qui redonne fierté aux noirs américains,Harry Belafonte, au passage l'homme des plus beaux hommes que cette terre ait jamais porté
  • soit parce qu'ils ont brisé des frontières et exporté leur art au delà de leur pays, Franco qui a exporté la rumba congolaise hors des frontiéres de l'ancien Zaire, Salif Keita qui fait découvrir à l'occident, la beauté de la musique traditionnelle malienne, Manu Dibango ( shout out pour le Cameroun, héhéhéhé) qui a conduit le makossa jusqu'en Amérique, on se souviendra de Michael Jackson qui a samplé Soul Makossa, et plus récemment Rihanna croyant samplé MJ, qui sample en fait Manu Dibango :-)


J'ai d'ailleurs Appris que Kassav, dont les membres ont toujours prôné un attachement à l'Afrique,  a été influencé par le Makossa dans leur musique.

cà bouchonne souvent devant les figures les plus représentatives telles que, Bob Marley, James Brown, alors profitez en et aller découvrir l'histoire d'un John Coltrane  - qui est l’auteur de l'un des meilleurs albums de jazz de tous les temps, dixit les spécialistes -, d'une Célia Cruz,  Franco etc..il y a un peu moins de foule autour de leurs cylindres.

Astuce: vous pouvez tout à fait taper le numéro du cylindre qui vous intéresse et écouter sans en être à proximité, dés lors que vous êtres prêts à vous passer des images.


Second volet de la musique, salle 2: Grande salle en rotonde, avec 5 écrans immenses qui occupent les murs entièrement. Pas de photos de la salle, il fallait bien que je garde un peu de surprise pour votre propre visite, voyons! Il ne s'agit pas de tout servir sur un plateau ;-)

Chaque écran diffuse des docus sur des artistes de toute l'Afrique.
De droite à gauche, vous avez l'écran 
Afrique du Nord : Algérie, Maroc , Égypte..
Afrique de l'Ouest: Sénégal, Mali, etc..
Afrique Centrale: Gabon, Congo, Cameroun, ..
Afrique de l'Est: Soudan, Éthiopie, Kenya, Ouganda
et enfin Afrique Australe:Madagascar, Zimbabwé, Afrique du Sud ....
J'ai souvent navigué de l'n à l'autre au gré des images qu défilaient et qui m’interpelaient.

Honnêtement, si on m'avait demandé le nom d'un artiste éthiopien, j'aurai ricané bêtement en sortant une vanne pourrie du genre " ils chantent en Éthiopie?"
et là avec les archives qui sont diffusées, vous prenez une claque, quant la richesse musicale dont regorge l'Afrique dans tout son ensemble.Avec un éclairage sur la situation sociale et politique des pays auxquels appartiennent tous ces artistes, il nous est expliqué comment ils ont fait naitre, connaitre, leurs talents, leurs cultures, leurs traditions, affirmer leurs identités et souvent malgré un climat social et politique répressif.

La musique est souvent la voix qui permet aux opprimés de s'élever et de combattre l'injustice comme en Egypte, où le Cheikh Iman dénonce l'autorité abusive, en Algérie où Saoud l'oranais redonne fierté au peuple berbère avec un nouveau genre musical l'Aouzi 
mon coup de cœur musical pour l'Afrique du Nord fut Noura de Farid El Atrache

En Afrique Centrale, c'est l'humour et le talent du Camerounais Francis Bebey qui sont salués, les légendes comme le récemment décédé Rochereau, Papa du rappeur Youssoupha, qui fut le premier Africain à l'affiche de l'Olympia, ne sont pas oubliées

En Afrique de l'Est, on apprend par exemple que la musique éthiopienne est peu connue hors des frontières du fait de la chape de plomb sur le pays imposé par le régime politique de Haile Mariam
Après 1991 avec la chute du régime en place, le monde découvre la qualité créative de la musique éthiopienne ainsi que ses acteurs, Jim Jarmush habille la B.O de Broken Flowers avec la musique du jazzman Ethiopien Astatke. Moi qui aime de plus en plus le jazz, je suis plus que ravie de cette découverte.


La collection  Ethiopiques : The Golden Years of Modern Ethiopian Musi, vous en fera découvrir d'autres
Et la visite continue ainsi, Afrique Australe, Afrique de l'Ouest etc..
je pourrai passer des heures à vous raconter, mais ce ne serait pas raisonnable ;-)

Après la salle aux  écrans géants,  vous pouvez vous donner des frissons avec les chants vaudous haïtiens, et faire apparaitre les esprits.. je ne dirai rien de plus, à vous d'aller voir bande de petits curieux, héhéhéhéhhé




 Puis vient le grand couloir dans lequel je découvre d'un coté des instruments de musique divers et variés, et de l'autre, une grande fresque murale de 2500 avant JC , oui oui je vous jure, jusqu'au printemps arabe de 201.
Se retrouvent sur le mur les grands évènements de l'histoire de l'humanité, pourquoi me direz vous?
La réponse sur la photo... oui je sais je me suis dit la même chose, "P**** qu'est ce qu'elle est pensée intelligemment cette expo!!"









Ainsi s’achève la visite du premier niveau de l'expo.
En effet, on accède ensuite à un sous sol où l'expo continue, 
je découvre au bout des escaliers, une galerie photo, photos prises essentiellement à la Nouvelle Orléans, quartier de Tremé,  

 

ainsi que dans un coin, deux jukes box l'un permettant d’écouter le son de divers instruments, l'autre permettant de sélectionner des titres musicaux tout genre confondu 

 

Une fois passée cette galerie, on se rapproche de l afin de l'expo, deux grandes pièces sont encore à découvrir, mais pour garder une petite part de mystère pour que vous aussi ayez des surprises lors de votre visite, je n'en dirai que peu
si ce n'est que la Caraïbe est abordée, on peut entendre Kassav', entendre Belafonte nous emmener avec lui au son d'une calypso trinidadiene, revisitée tout de même.
J'y ai appris que le terme Soca était la contraction des termes Kaiso (genre musical trinidadien, qui originaire du Nigeria) et de Calypso.

J'ai achevé ma visite par la salle "Hip Hop" si je puis dire, en effet, on y parle plus de l'émergence du Hip hop et ses arts associés, le Graf, la danse, et le djaying en tâchant de répondre à la question de l'influence actuelle de la Black music



La petite surprise pour clore la visite est la mise à disposition de 3 "Studios" de danse où les plus téméraires, audacieux, loufoques, peuvent s'adonner à la danse. IL est proposé de lâcher les chevaux, et les cheveux et se déhancher sur le dance floor pour le concours de danse, au choix, hip hop , samba ou disco..héhéhéhé
Vous avouerais je que je me suis dégonflée? j'ai bien essayé le hip hop but the guy got me lost.. trop rapide pour moi.. mais next time i'll try again :-)
mais d'autres s'y sont essayé, et ce fut très très drole à voir, il régnait sur cette expo de la bonne humeur collective.


Et voilà, ma visite s'achéve, il est temps de remttre casuqe et smartphone à l'hotesse, qui me reconfirme que sous peu je recevrai un mail avec le lien pour accéder à ma playlist constituée au cours de la visite, ce que j'aim cette idée!


Il est 21h15 sur ma montre, je suis entrée à 18h! O_o! 3h de visite qui en paraissent 1, on pourrait facilement y passer 5h, chacun visitant à son rythme, le contenu est très riche. Selon son envie on peut zapper ou prendre son temps face à une animation; juste superbe!! COUREZ-Y!!!!
On s'y croisera peut être, il ne fait nul doute pour moi que j'y retournerai avant fin août.
J’allais oublier, pour les enfants, des animations dédiées ont été prévues! Emmenez les ça vaut le coup!!!!

Epilogue:

21h30, j'ai reçu un mail avec le lien pour retraçant mon parcours lors de l'expo, et le rappel de ma playlist constituée.

Je suis ressortie de l'expo avec un sentiment de très grande fierté, un émerveillement de (re)découvrir rassemblées des images, chants célébrant la créativité noire et surtout les cultures et traditions chantées Africaines
En effet en Afrique le chant, la danse sont avant tout traditionnels et pas seulement pour le divertissement, chaque pays ayant ses propres ses codes, ses rites, ses instruments;  les griots du Mali ou du Sénégal, les tambours de fûts en Ethiopie, la lyre tanbur du Soudan.

De l'Afrique de l'Est à l'ouest en passant par Afrique du Nord et Australe, j'ai en une après midi  voyagé au rythme de la musique Africaine , non DES musiques Africaines, DES musiques dites "Noires"
Une autre belle découverte fut la musique Afrique du Nord, Maroc, Algérie, berbère, folk mélange de Gnaoua et de musique marocaine. J'ai d'abord été surprise de voir un volet dédié à l'Afrique du Nord, sur une expo parlant de musique Noire, mais l'Afrique du Nord est bel et bien l'Afrique dans toute sa diversité, alors rien d’étrange, et puis merci, moi qui ne connaissait que Oum Khatoum, j'ai été ravie d’élargir mon champ des possibles musicaux.

Une question m'a taraudée durant la visite de l'expo: Au cours de l'expo, on (re)découvre que bon nombre de figures noires ont longtemps trouvé en la France une terre d'accueils en des temps troubles dans leurs pays d'origine, fuyant ou la dictature, ou la ségrégation ou l'apartheid...
Miles Davis en Amérique, Oryema en Ouganda, Makeba en Afrique du Sud, et tous en France ont trouvé ce sentiment de sécurité qu'ils recherchaient, ces bras ouverts et tendus prêts à les écouter!

Alors en ces temps troubles où le FN s'affiche comme 3meme voie politique en France, en ces temps où la parole raciste se libère, je me demande Qu'arrive t il à ma France, terre d'accueil des oppressés et des exilés, ma France terre de Liberté, Égalité, Fraternité?










 

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